habit rouge

Publié le par un souffle

Ce soir, boutiques pour habiller l'oie engraissée pour noël (dernier!). Choix de tenues camoufflage, pas de transparence susceptible de laisser deviner les vagues formées par les bourelets. Mais passage obligé : passez par la case essai!

Oh joie que de me retrouver dans la petite cabine blanche immaculée! Mais pas bête, malin même, la peite boîte est dotée d'un joli petit miroir sur lequel on a le nez collé vu l'étroitesse des lieux (ou mon embonpoint certain...?!).

Les designers ont pensé aux jeunes filles compléxées qui refuseraient de sortir se montrer.

Mais de près! L'effet est doublé, triplé, quintuplé, centuplé! Pas de possibilité de prendre du recul sans franchir le seuil fatal. Alors je reste cloitrée, les yeux bouffis de larmes, le débordement n'est pas loin. Je les ferme, respire à fond, les rouvres. Ma mère me demande de lui montrer. Je tente de prononcer un non que les sanglots prenent le dessus, impossibles à refouler. Crise d'angoisse entre ces 3 murs de prison. Obligée de me redéshabiller pour me rhabiller. A nouveau ma vision dans ce putain de miroir à la con. J'arrive plus à respirer. J'veux m'crever. M'ouvrir les veines et tapisser de sang ces murs blanc immaculée conception. J'veux m'faire des trous tout partout dans le corps, faire suinter la graisse de mes pores et en badigeonner la glace. J'veux faire vomir cette cabine de mon hémoglobine par dessous le rideau. J'veux faire gicler mes kilos sur mon reflet déformé. Déguelasser les parois de mes morceaux de chair, faire exploser mon cerveau. Mais tout ça j'en fais rien. Je peux pas faire exploser la bombe qui se trouve en moi. Alors simplement j'hurle que je veux sortir, partir de cette salope de boutique. Que j'en ai marre d'être aussi psychotique. Je cours vers la sortie, et je pleure je pleure je pleure je pleure et je suffoque. Je dois faire pitié, une vielle dame s'approche pour me demander si ça va aller.  

Ma mère me regarde désemparée. Pitié, effroi, incompréhension, douleur, tristesse, désaroi, colère tout ça mêlé.

Et moi j'm'en veux de tout c'que je fais. Ou ne fais pas.

De ce que je suis. Ou ne suis pas.

De ma folie, de ma maladie, de ma paresse, de mes cris.

J'm'en veux d'lui faire du mal. De pas être à la hauteur. De pas la rendre fière ni heureuse comme il faudrait.

De toujours garder dans le coeur l'envie d'crever.

Publié dans prisonnieredesoi

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G
Je suis tombée par hasard sur ton blog. J'y ai lu quelques articles qui m'ont particulièrement touchés. Comme toi, je suis une femme ronde et comme toi j'en ai versé des larmes en regardant dans le miroir ce corps qui me dégoûtait tant... Je partage ton désarroi, mais il faut se battre pour que notre âme aille mieux et que l'image que la société a de nous change. L'article sur ton papa est très touchant. Courage...
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C
Je connais bien ce que tu ressens dans les cabines d'essayage...<br /> Ca fait des mois que je n'ose plus m'y engouffrer...
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B
Toi t'as des bouets à me prêter et moi je t'offre mes retardateurs d'explosion, juste pour te laisser le temps de reflechir.... C'est nul de retenir ceux quio veulent partir, mais c'est nul aussi de partir sur un coup de tête... Et puis moi je t'aime. Et puis les hommes aiment les femmes qui ont des formes.... Et puis... Et puis, je sais plus moi. Je pleure aussi, et juste en croisant les jolies filles dans la rue, dans le métro, elles hantent mes rêves, et mes cauchemars.... Elles me fascinent je me repugne.<br /> Reste s'il te plait. Juste un peu. Le temps de décider que la vie vaut d'être vecue. Je t'aime.
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