memorias
J't'ai donné ma main, mes lèvres et mon coeur, pour plus avoir froid, pour plus avoir peur. Pas d'estime de moi, peur de l'abandon, sentiment constant d'imperfection, j'avais pas compris que même avec toi ça s'arrangerai pas. Puis tu pouvais pas continuer à supporter tout ça. Ma froideur, mes ptits tours de girouettes, mes conneries et ma dépression.
J'étais toute petite je me souviens. Je fermais les yeux et ouvrais grand les oreilles pour écouter ce que vous disaiez. Sur moi. Mais j'entendais que des cris entre vous, persuadée que c'était à cause de moi. Des cris aux pleurs aux coups même rares j'arrivais pas à comprendre. Pourquoi? C'est moi? Et puis entre les tempêtes y avait les ptits aryons de soleil qui me réchauffaient tout partout. Ils étaient fragiles, soumis au changement de vent, alors fallait en profiter, les garder au creux du coeur et de la mémoire. Les concerver comme des trésors pour se rappeler qu'il faut rester debout, pas lâcher, pas craquer, pas pleurer.
Mais les fissures se sont agrandies, et c'était dur dur de les colmater. Fallait pas en rajouter, des problèmes y en avait assez. Moi je voulais pas vous inquiéter. Mais le soleil y rentrait plus par la fenêtre de la maison. ça retait dehors, loin que ça en réchauffait plus les pièces. La seule chaleur je la trouvais ailleurs. Et je savais plus quoi faire. J'étais pas assez forte, assez intelligente. J'étais trop jeune, trop sensible. J'aurais dû faire mieux, trouver une solution, écouter, aider, et disparaitre. J'en avais envie bon dieu, mais j'avais pas le courage. Je hurlais silencieusement et cracher mon désir de mourir sur le papier, mais j'ai pas réussi. Ouai j'avais trop peur, et puis j'voulais pas abandonner. Parce que finalement ça aurait peut-être été pire si j'l'avais fait. Puis tu te serais retrouvée seule quelques années après...
Aujourd'hui j'accepte toujours pas celle que je suis, parce que je ne sais pas qui elle est, et elle n'est pas non plus celle que vous attendiez. Malgré tout ce que tu me dis, c'est pas vrai. Faut avouer j'ai gâché vos vies. Une autre enfant vous aurez permis de vivre plus heureux. Et moi, là, avec ma sale tête et mon imbécilité j'ai tout fait foiré. Pardon pardon pardon. Toi je sais que t'es trop lin, pouf parti et que tu sais pas tout ça. Mais quand même, les morts aussi méritent qu'on leur fasse des excuses. Et puis toi, ben tu lis pas, mais c'est pas grave parce que je te le dirai la prochaine fois.